Le Diable rouge, c'est la jeunesse qui affronte la vieillesse, qui la défie avec toute sa fougue et sa soif d'indépendance symbolisée par cet amour pour Marie Mancini. Si le vieux Ministre en sort vainqueur en arrivant à imposer au jeune roi un mariage politique, ce sera sa dernière victoire. Il devra ensuite affronter la mort avec sa défaite inéluctable. Cette pièce est aussi l'histoire d'une fin de rêgne, de la perte de pouvoir de l'homme politique en fin de carrière ou en fin de vie, car finalement n'est-ce pas la même chose ?
Quoi de plus pathétique que cet homme qui se débat comme un naufragé pour continuer à vivre tant il a le sentiment d'avoir encore beaucoup à accomplir, à apprendre au jeune roi qui s'éveille à la puissance et à qui il donne une dernière et terrible leçon de politique :
"Enfin, ne faites jamais confiance à personne. Il faut toujours partager votre confiance entre plusieurs. La jalousie des uns sert de frein à l'ambition des autres.(...)N'ayez aucun favori mais en même temps, le moins de ministres possible. Cela ne sert à rien d'en avoir trop. Vous multipliez les risques d'être mal informé et trompé. Et pour éviter qu'ils ne s'entendent contre vous, faites en sorte de les diviser, encouragez leurs rivalités, dites à l'un le mal que l'autre vous a dit de lui...et inversement - et s'il ne vous en a pas dit, inventez ce qu'il aurait pu vous dire. Cest le meilleur moyen d'être sûr que l'un et l'autre viendront à leur tour vous apprendre quelque chose...En un mot,ne vous laissez jamais gouverner, soyez toujours le maître."
Quelques extraits :
A propos de l'argent :
"Quand on est un simle mortel, bien sûr, et qu'on est couvert de dettes, on va en prison... Mais l'Etat, l'Etat, lui, c'est différent. On ne peut pas jeter l'Etat en prison. Alors, il continue, il creuse la dette ! Tous les Etats font ça."
des artistes :
"Offrez-vous des artistes, des écrivains. Il vaut mieux les avoir avec vous que contre vous. En revanche, s'ils raillent vos courtisans, naturellement...
Louis VIV : Vous me l'avez déjà dit mais moi, je suis le roi. Si un seul osait...
Mazarin : Oui, enfin, il ne faut jamais hésiter à s'acheter un artiste - c'est un investissement - et à lui faire bien sentir, naturellement, qu'il vous doit tout et que vous pouvez le rejeter dans l'ombre d'où il vient si d'aventure il vous maltraitait."
des impôts et de la classe moyenne :
Colbert : "Cependant il nous faut de l'argent. Et comment en trouver, quand on a déjà créé tous les impôts imaginables ?
M : On en crée d'autres
C: Nous ne pouvons pas taxer les pauvres plus qu'ils ne le sont déjà
M : Oui, c'est impossible
C : Alors, les riches ?
M : Les riches non plus. Ils ne dépenseraient plus. Un riche qui dépense fait vivre des centaines de pauvres.
C/ Alors, comment fait-on ?
M : Colbert, tu raisonnes comme un fromage ! Il y a des quantités de gens qui sont entre les deux, ni pauvres ni riches...des Français qui travaillent, rêvant d'être riches et redoutant d'être pauvres ! C'est ceux-là que nous allons taxer, encore plus, toujours plus ! Ceux-là. Plus tu leur prends, plus ils travaillent - pour compenser... C'est un réservoir inépuisable."
Le diable rouge est-il une pièce historique ou une satire politique ? L'auteur n'a-t-il pas côtoyé nos gouvernants quand il était au cabinet d'un ministre ?
mardi 31 mars 2009
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1 commentaire:
Super Blog. Des critiques de qualités, des infos pratiques... Bref la nouvelle bible du théâtre parisien. Nous nous abonnons !
Merci.
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